Amour

Raphaël est à son enterrement de vie de garçon. Assis sur une chaise au centre de la pièce, il attend de savoir ce que son meilleur ami lui a réservé.

Thomas resserra le foulard pourpre qui lui bandait les yeux. Assis sur cette chaise, sans la vue il sentit ses autres sens décupler : la chaleur était prenante, le bruit des verres qui s’entrechoquent lui résonnaient dans la tête, il entendait parler, chanter, rire de plus en plus fort. Il ressentait toute cette foule d’invités se rapprocher pour former une ronde autour de la chaise, l’agitation de tous montait, les parfums se mélangeaient en un corps à corps puissant qui n’en formait plus qu’un : ce doux et excitant parfum de folie qui régnait dans l’appartement.

Il sentit une présence se détacher du groupe : une main attrapa calmement la sienne, fine douce, aux ongles soignés. La candidate s’assit prudemment sur la cuisse gauche de Raphaël. Elle caressa lentement de son nez la joue du jeune homme, puis lui embrassa la commissure des lèvres. Raphaël entrouvrit la bouche, espérant accueillir un nouveau baiser, sans quoi il ne pouvait reconnaître la personne qui le lui avait offert. Son attente fut satisfaite, car aussitôt, il sentit à nouveau des lèvres se poser sur les siennes dans un baiser plus profond, plus sensuel. Le public autour braillait : on entendait des rires, des encouragements ; ceux qui se taisaient étaient sûrement les plus envieux.

Raphaël attendit un instant avant de lancer ce nom :

-« Marie…

- Bien joué jeune homme… », répondit celle-ci.

Thomas, euphorique, appela aussitôt quelqu’un d’autre à se présenter.

Une nouvelle personne s’avança alors jusqu’au jeune homme d’un pas assuré. Elle prit sa tête entre ses mains, la fit basculer très légèrement, puis commença à embrasser de manière très sûre et très tendre son oreille, pour descendre sur son cou, son torse, son ventre… Ces baisers s’arrêtèrent juste au-dessus de la ceinture, où pourtant Raphaël semblait vibrer de plaisir.

L’atmosphère tout autour avait changé : l’agitation fébrile avait laissé place à un silence presque pesant, certaines personnes semblaient même retenir leur souffle.

La main gauche de l’inconnu se posa sur la taille du futur marié, tandis que son autre main caressait son torse imberbe et dénudé. Ces mains étaient fortes, plus semblait-il que la plupart des mains de femmes, mais plus douces que les mains d’hommes qu’il avait l’habitude de serrer. Sur sa bouche se posèrent alors des lèvres charnues, douces elles aussi. Leurs langues s’effleurèrent à plusieurs reprises et finirent par se confondre en un fougueux baiser. Il connaissait ce baiser. Une vingtaine de personnes les observait bouche bée, mais il choisit pour une fois de ne pas réfléchir. Il se leva, posa ses mains sur ce corps taillé comme une statue grecque. Il murmura alors à son oreille :

-«  David, je te reconnaîtrais parmi mille hommes et femmes. »

Raphaël retira lui-même le bandeau qui lui cachait les yeux, mais ne les ouvrit pas pour autant. Enlacés, les deux hommes ne formaient qu’un, fondus en un baiser interminable.

Puis, chacun reprenant ses esprits, ils se séparèrent, mais sans pour autant se lâcher les mains. Voyant tous ses amis, perdus eux aussi à la vue de ce spectacle inattendu de tendresse et de sensualité, Raphaël décontenancé, marmonna des excuses et sortit rapidement de l’appartement. David courut à sa suite et le trouva assis, seul, sur le palier de l’entresol.

-« Et maintenant ? », demanda le premier sans se retourner.

-« C’est à toi de me le dire » répondit David, « quoi qu’il arrive, cette histoire finira mal ».

Ce petit texte est de moi (et c'est la première fois que quelqu'un me lit ! alors ne soyez pas trop méchants ;-) )

Pas de commentaire, juste un petit article sur l'amour qui est un peu différent des autres.

Pour montrer que l'amour peut prendre bien des formes, et varier un petit peu le récit de la grande romance classique !

Et malgré la fin de la petite histoire, l'amour, ça peut aussi finir bien !

Aimez vous !!

Comments

[morgane]

Waouw super texte, j'ai cru que c'était d'un écrivain !